Cercle consacré à Sorj Chalendon
Biographie de Sorj Chalandon
Sorj Chalandon, né à Tunis le 16 mai 19521, est un journaliste et écrivain français
Il a été journaliste au quotidien Libération de 1973 à février 2007. Membre de la presse judiciaire, grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est l'auteur de reportages sur l“Irlande du Nord et le procès de Klaus Barbie qui lui ont valu le prix Albert-Londres en 19882.
Écrivain, il a aussi publié sept romans chez Grasset dont une Promesse qui a reçu le prix Médicis en 2006 et Le Quatrième mur, Prix Goncourt des lycéens 2013.
Par ailleurs, il a participé à l’écriture de la saison 2 de la série télévisée Reporters
et travaillé avec le créateur de cette série sur les arches d'une troisième saison finalement abandonnée par Canal+
Depuis août 2009, Sorj Chalandon est journaliste au Canard enchaîné, ainsi que critique cinéma.
En 2008, son roman Mon traitre s'inspire de son histoire personnelle : son amitié avec Denis Donaldson, vue par le biais d'un narrateur parisien luthier ; trois ans plus tard, l'histoire romancée est racontée sous l'angle du « traître », dans Retour à Killybegs. Ce roman obtient le Grand prix du roman de l'Académie française3 en 2011.
De 2008 à 2012, Sorj Chalandon fut le parrain du Festival du Premier Roman de Laval, organisé par Lecture en Tête. Depuis 2013 Il est le Président du Jury du Prix Littéraire du Deuxième Roman.
Entre 2007 et 2009, Sorj Chalandon devient formateur régulier au Centre de formation des journalistes à Paris6.
En 2010, Sorj Chalandon, apparaît en dernière partie du film documentaire de Jean-Paul Mari Sans blessures apparentes — dont la thématique est consacrée aux « damnés de la guerre» ainsi qu'aux séquelles psycho-émotionnelles qui en résultent.
Le 14 novembre 2013 à Rennes, le prix Goncourt des lycéens lui est attribué pour Le Quatrième Mur publié chez Grasset, roman sur l'utopie d'un metteur en scène qui décide de monter Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth dans les années 1980, pendant la guerre du Liban10.
En 2017, il publie le roman Le Jour d'avant, sur la catastrophe minière de Liévin-Lens qui a fait 42 morts le 27 décembre 1974.
Interview dans Le Temps en 2017
Tous vos livres procèdent d’une colère?
SJ : D’une blessure. Mais ici, il n’y a pas de blessure personnelle, je ne suis ni du nord ni frère de mineur. Jusqu’à présent, je pouvais presque toujours dire que mes romans avaient une dimension autobiographique et les lecteurs y adhéraient aussi pour ça. La part de moi dans ce livre, c’est une colère noire.
Tous vos héros sont tentés par la violence…
SJ : Oui, j’en viens. J’ai été reporter de guerre pendant vingt ans pour épuiser la violence que mon père avait semée en moi. Il fallait que je rentre fragile de ces lieux de chaos. Je ne suis pas certain que j’aurais pu être père à mon tour si je n’avais pas été malmené par les guerres. Ce sont les enfants blessés, les enfants morts qui m’ont ramené à la réalité. C’est terrible, les enfants battus qui reproduisent. Ça aurait pu m’arriver.
Pourquoi être passé à la fiction?
SJ : Quand j’étais sur le terrain, j’avais des petits carnets en spirale et j’écrivais mes reportages sur les pages de droite. Sur celles de gauche, je notais tout ce que je ressentais, ma colère, ma peur, mes larmes, mon envie de rentrer à la maison, toutes ces choses indicibles qui ne devaient pas rester en moi comme un poison. Mes romans sont la somme de mes pages de gauche. Chaque fois que je fais un livre, ce n’est pas pour approfondir mon travail de journaliste, c’est pour m’approprier le «je». Un envoyé spécial ne peut pas dire: «Je pleure à Sabra et Châtila.» J’ai le droit de pleurer dans un roman.
Votre phrase est courte, sous tension. Et par moments, elle se libère en vagues lyriques. Quel est le ressort de votre écriture?
SJ : Je suis bègue. Et asthmatique. Tout vient de là. Dans mon premier roman, Le Petit Bonzi, je mets en scène un garçon de 12 ans à Lyon, c’est moi. Je voulais parler de la douleur d’un enfant bègue. Les gens pensent que le bègue est un peu sot. En fait, il a trop de mots et ces mots restent en gorge, n’arrivent pas au bord des lèvres. Ça oblige à un vocabulaire immense. Si le mot «rouge» ne sort pas, il faut qu’il y ait en réserve «pourpre, garance, vermeil», etc. Le bégaiement m’a appris à respecter les mots et à chercher le plus approprié. Je coupe donc plus que je n’écris. Lorsque j’atteins l’os, je sais que je n’ai pas trahi. Une phrase, c’est comme un soldat qui part à l’assaut et qui se cache derrière le point avant de repartir à l’assaut.
Quel est le livre qui a changé votre vie à 15 ans?
SJ : L’Insurgé et L’Enfant de Jules Vallès. C’est un ami qui me les a prêtés, je les ai lus en cachette. Mon Dieu que c’était beau. Je réalisais que je n’étais pas seul, qu’on avait le droit de se révolter. La première fois que j’ai eu de la colère en moi, c’est grâce à Jules Valles.
- Le livre que vous offrez?
SJ : Si c’est un homme de Primo Levi. Après ça, tout était dit. Et puis les romans de Simenon que j’adore. Il n’y a pas de truc. Tout est juste. On ne joue pas.
Les livres présentés:
Le petit Bonzi 2005 : L’histoire d’un enfant bègue, son histoire
La promesse 2006 : Prix Médicis 6 En Mayenne, une maison vide, 7 personnes vont et viennent le soir. Une promesse d’enfance faite à Etienne et Fauvette
Mon traitre 2008 : L’amitié d’un luthier français et d’un militant de l’IRA. Pendant 40 ans, cet homme trahi son camp et son ami.
La légende de nos pères 2009 : Après sa mort, sa fille enquête sur son père, un héros de la Résistance. « J'ai accepté d'écrire son histoire, sans imaginer qu'elle allait nous précipiter lui et moi en enfer »
Retour à Killysberg 2011: Même histoire que Mon traitre, mais racontée par le traitre. Une plongée trerrible dans la réalité de cette guerre.
Le 4ème mur 2013 : Prix Goncourt des lycéens Antigone montée et jouée au Liban en plein cœur de la guerre
Profession du père 2015 : L’histoire d’Emile, 12 ans, partagé entre l'amour, la peur, la fascination.pour son père. Il y aussi la violence et les coups. Et la mère, soumise et craintive, qui ne dit rien.
Le jour d’avant 2017 : « Venge-nous de la mine ». En enquêtant sur la tragédie de la mine de Liévin, le 27 décembre 1974, Michel remonte le temps et son histoire. Un roman terrible qui se transforme en un palpitant suspense judiciaire.